Si tu peux... vas-y ! by Gérard Feldzer

Si tu peux... vas-y ! by Gérard Feldzer

Auteur:Gérard Feldzer [Feldzer, Gérard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biography & Autobiography, General, Adventurers & Explorers, Personal Memoirs
ISBN: 9782845638730
Google: -cY6DAAAQBAJ
Éditeur: XO Éditions
Publié: 2016-05-25T22:00:00+00:00


Décidément, oui, l’altitude stimule la libido. Ni Freud ni Jung n’avaient prévu la chose. Et quand Sigmund a pris son premier avion, en 1938, sur Lufthansa, pour fuir les nazis et se réfugier à Londres, il n’était plus en âge d’apprécier. Mais je le constate, dans les aéroports, sur les hubs, dans les clubs, les hormones jouent un concert international. Je ne me balade plus avec ma guitare pour pousser la sérénade dans les caboulots, mais je rencontre plein d’autres aviateurs. Et, parmi ceux-ci, il y a quand même une quantité appréciable d’obsédés du cul. J’en connais un qui ne part qu’avec une valise pleine de sous-vêtements féminins, qui se fait passer à l’escale pour un photographe artistique – il faut bien avoir une carte de visite. Dès que nous atterrissons quelque part, il n’a rien de plus pressé que de quitter le bord. Debout sur les freins, il met un point d’honneur à dégager à la première bretelle et faire la course avec la voiture qui précède l’avion pour le guider vers sa place de parking. Sur le toit de la bagnole, on peut lire : « Follow me », comme dans Alice au pays des merveilles. Lui, il interprète ça comme une invitation à faire la java. Dès le parking en vue, il accélère comme un dingue, taille des escalopes dans les pneus, et disparaît avec sa précieuse cargaison de soutiens-gorge, de guêpières, de culottes en soie, de bas et de colifichets. Il sollicite les hôtesses, leur demandant de poser pour lui, et collectionne les photos à Hong Kong, Kuala Lumpur, Brest ou Salzbourg.

J’imagine qu’il maintient la réputation d’Air France. Comme l’un des autres copains qui, lui, essaime dans tous les bordels du monde et connaît la carte de Tendre des maisons de tolérance, partout. Avec lui, pas besoin de guide, de GPS ou de renseignements glanés dans un taxi. Il est précis :

— Si tu vas à Patpong, rends-toi au Super Pussy, tu demandes la fille qui a le numéro 13, c’est une bombe atomique. Si tu te retrouves à Berlin, il y a le Damen-Herren, tu discutes avec le barman, il t’indiquera le téléphone de Fabiola. Et si par hasard tu es à La Havane, tu ne peux pas repartir sans avoir contacté Comparsita Castro – c’est un pseudo –, tu m’en diras des nouvelles.

Merci mon vieux, mais Feldzer ne boit pas de cette eau-là, non, non. On a sa morale, quand même. Je décline ces invitations. Je ne fréquente pas ces établissements honteux. Non, monsieur.

Ceci dit, le Super Pussy est un endroit formidable…



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